Aujourd’hui, c’est le deuxième anniversaire de l’interview ‘Ma douance du tac au tac’, que j’ai créé en février 2020 : deux ans que des hommes et des femmes livrent leur vision du Haut Potentiel et leur vécu par le biais du questionnaire Ma douance du tac au tac.
Je propose de les retrouver tou·tes au fil de cette interview rétrospective. Merci à Licka Sarr, Vincent Lahouze, Bénédicte Braud, Anthony Gonnet Vandepoorte, Emilie Vion, Fusée Nai, Nathalie Alsteen, Stephan Boschat, Caroline Desquest, Didier Poli, Gwendoline Vessot, Quentin, Elodie Bossoutrot, Eric Labrie, Anne-Claire Pliska, Nicolas Martin Saint-Léon, Jeanne Linguinou, Barry Gelston, Florine Rogé, Nicolas Gauvrit, Priscille Mahé qui ont rendu cette richesse possible !
PS : si tu découvres récemment, tu peux aussi te plonger dans la rétrospective de la première année en cliquant ICI et choisir les interviews qui t’intéressent!
.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E?
Sans hésiter un seul instant, oui ! – CAROLINE DESQUEST
.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI
C’est être normal. Pour moi, c’est le monde qui est bizarre. Plus jeune, je me demandais pourquoi les gens ne comprenaient pas les choses tout de suite ou alors comment ils pouvaient accepter des vérités arbitraires sans les remettre en question.
Il y a 2 aspects : Être surdoué c’est déjà être en minorité. S’ajoute à cela le fait que plus on cumule de différences à la norme et plus on se sent en décalage, cela d’autant plus dans des systèmes créés pour favoriser la majorité.
Le second aspect, c’est la capacité de voir les choses différemment naturellement. Je n’ai aucun effort à faire. Quand on est différent, on développe des capacités à se mettre à la place des gens qu’on ne comprend pas à la base. Au final, conjuguer plusieurs visions permet de voir en perspective. – FUSEE NAI
.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E
La douance, c’est la taille du « moteur » mental et ses performances. Plus de reprise, plus de couple, plus de vitesse, plus d’agilité… Cela ne présume pas cependant de si on sait conduire le véhicule, si on est un « conducteur » sympa, ou si on a un bon GPS, ou même si on la moindre idée d’où on va. Et comme on a moteur plus puissant, on a aussi potentiellement des accidents plus graves, et on laisse parfois les autres dans la poussière de nos roues… – NICOLAS MARTIN SAINT LEON
.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS
Octobre 2021. C’est une interrogation que j’avais depuis quelques années mais sans m’autoriser à y croire avant de passer le test. Pour moi, avoir la confirmation de cette identification c’était surtout un accès à une relecture et une meilleure compréhension de ma vie, de mes choix, de certaines de mes expériences. – PRISCILLE MAHE
.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ DEPUIS LA DÉCOUVERTE
- La compréhension : je sais maintenant pourquoi je suis différente, il y a une raison objective et reconnue.
- L’enthousiasme à développer mes « nouveaux super pouvoirs », à faire de la douance une vraie force.
- Le doute sur ma capacité à faire quelque chose de bien avec cette nouvelle conscience de mon fonctionnement et de ne pas me laisser déborder par le trop plein de tout (surtout des émotions).
- La vraie prise de conscience. Je suis la seule à pouvoir vivre ma vie. Je décide de tout, même (surtout ?) inconsciemment. Je jongle donc avec mon cerveau pour le confronter à l’épanouissement. Et pour cela, j’essaye de vivre l’instant présent car c’est la seule chose qui m’appartienne ! – JEANNE LINGUINOU
.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER
Que la douance n’a rien à voir avec les clichés, qu’on n’a pas besoin d’être Einstein ou de résoudre des équations du second degré à 7 ans pour avoir un QI en dehors de la moyenne. Que le QI c’est une chose, mais que ce n’est l’expression que d’un potentiel.Et que donc certains vont aller bien plus loin avec un capital de départ pourtant moins avantageux, et d’autres, malgré un QI pourtant élevé, ramer. Et que moi, j’ai eu la chance que ce QI élevé s’exprimait d’une manière compatible avec le système scolaire / la réussite scolaire. – GWENDOLINE VESSOT
.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ
« Ça te prend du temps à comprendre des fois, t’es vraiment sûre que t’es surdouée? » – EMILIE VION
.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR)
J’ai compris quel était mon propre référentiel. J’ai donc arrêté de lutter pour m’adapter au référentiel imposé et j’ai continué à créer le mien. – STEPHAN BOSCHAT
.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS
Je m’autorise à créer, à papillonner. Je m’autorise à faire confiance au fait que c’est en m’éparpillant que je construis précisément.
Je m’autorise à m’éloigner de certaines personnes parce que je suis confortée par ma possible incompatibilité et mon impossibilité à entretenir des relations superflues. – LICKA SARR
.CE QUE CELA SUSCITE CHEZ LES AUTRES LORSQUE J’EN PARLE
Parfois un intérêt, parfois une incompréhension totale mais malheureusement souvent un jugement. – EMILIE VION
.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE
Les mythes sans hésitation.
NON, nous ne sommes pas tous des petits Einstein,
NON, nous n’avons pas la science infuse,
NON, nous ne réunissons pas tout, tout le temps,
NON, nous ne venons pas d’une autre planète,
NON, nous ne considérons pas les autres comme des andouilles parce qu’ils ne sont pas Haut Potentiel,
NON, nous ne sommes pas tous imbus de notre personne.
En revanche :
OUI, nous pouvons être amis, avec plaisir, nous avons tellement à nous apporter,
OUI, nous galérons comme tout le monde dans nos quotidiens, nous avons sensiblement les mes problèmes,
OUI, il y a aussi des cons chez les HP,
OUI, ça nous arrive de nous planter, de nous tromper, de ne pas savoir, de rater, de douter,
OUI, nous vivons, ressentons les choses plus intensément,
OUI, notre cerveau va plus vite,
OUI, nous sommes trop tout, tout le temps,
OUI, nous sommes aussi humain. – ELODIE BOSSOUTROT
.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE
Contrairement à ce qu’on voit dans les médias (sur-représentation des « malheureux »), je trouve la douance super cool… elle est corrélée avec tout un tas de choses positives dans la vie… (études, espérance de vie, etc… voir conférence de Frank Ramus). J’ai bien conscience que certains ont des problèmes (QI hétérogène, etc…) ou d’autres troubles… mais j’ai l’impression que parfois on met sur la douance des troubles qui sont indépendants, ou simplement « amplifiés » par la douance, mais dont celle-ci n’est pas la cause. – NICOLAS MARTIN SAINT LEON
.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT
En ce qui me concerne je dirais qu’il s’agit de la procrastination, qui peut vous prendre beaucoup d’un seul coup et rendre votre journée complètement improductive simplement parce que ce n’est pas un bon jour et que vous avez la sensation de ne pas disposer de toutes vos capacités à leur complète efficience. Tandis qu’un autre jour c’est la sensation d’avoir un débordement de sentiments où la moindre petite embûche qui vient entraver votre processus va ruiner votre productivité. Il y aussi des moments où de simples mots que vous cherchez à dire, qui sont bels et biens présents dans votre tête et de façon parfaitement claire, s’effacent, disparaissent pour laisser place à un vide ou vous ne savez plus ce que vous vouliez dire ou comment vous alliez communiquer. – ANTHONY GONNET VANDEPPORTE
.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT
La facilité d’apprendre et comprendre un sujet complexe rapidement. Plus le problème est complexe, plus je m’y attarde. – ERIC LABRIE
.L’OUTIL OU LA PRATIQUE BIEN-ÊTRE QUI M’AIDE LE PLUS
Me mettre dans mon lit le soir, placer un casque sur mes oreilles, écouter des bruits de la nature ( surtout les tempêtes et orages….j’adore les orages et le tonnerre) et laisser mon imagination partir en roue libre. C’est comme s’asseoir dans une salle de cinéma sans connaitre le film, mais en sachant d’avance que tout ce que l’on y verra nous plaira. Le pied 😊 – QUENTIN
.UNE REPRÉSENTATION QUE JE VEUX BATTRE EN BRÈCHE
La douance n’est pas une maladie, ne veut pas dire que nous sommes des premiers de classe, qu’intelligence du coeur n’est pas toujours intelligence du cerveau ! – VINCENT LAHOUZE
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX SURDOUÉ·ES
La sensation d’être heureux ou malheureux dépend rarement de notre état dans l’absolu, mais de notre perception de la situation, de notre capacité à nous satisfaire de ce que nous avons.
Dalaï Lama –ANNE-CLAIRE PLISKA
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX PERSONNES NON CONCERNÉES
La même chose en sens inverse. Ne soyez pas intransigeants, soyez à l’écoute de la différence. Ne vous dites plus « il est débile, pas logique, parle trop vite, incompréhensible, au parcours trop complexe, aux idées trop farfelues, voit trop globale, trop loin… ». Sachez identifier ce type d’individus qui vous sont différents et ne les rejetez pas. Ils peuvent être un formidable atout pour des projets communs. Ils peuvent être de formidables compagnons d’aventures. Il ne faut pas les brider ou leur imposer trop de cadre, c’est tout. Ils chercheront à les briser, à s’enfuir ou sinon s’étioleront. – STEPHAN BOSCHAT
.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE
S’interroger, c’est fatigant. Si on remarque qu’on consacre de l’énergie à n’aller nulle part, alors autant utiliser celle-ci pour se rendre à un endroit précieux : celui de la meilleure connaissance de soi. – GWENDOLINE VESSOT
.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E
De penser qu’il devra se sur-adapter en continu pour être apprécié et s’intégrer. – NATHALIE ALSTEEN
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE
Savoir que l’on a une forte sensibilité à l’ennui et donc trouver ce qui nous correspond, quitte à changer si on a fait le tour, car cela fait partie de notre fonctionnement et c’est ok. Si on veut s’épanouir professionnellement, il me semble important de trouver ce qui nous fait vibrer, quitte à changer dès que ce n’est plus le cas. Cela peut être vu comme une « instabilité professionnelle », il s’agit en réalité d’être aligné avec ce que l’on est : des personnes intenses, capables de réussir dans des situations complexes lorsque le cerveau est vraiment stimulé. – PRISCILLE MAHE
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE
Ne recherchez pas tout ce qui est important pour vous (nous pouvons être très idéaliste) chez la même personne. A titre personnel, j’ai appris à apprécier chaque personne de mon entourage pour les aspects que je partage avec elle et s’il me « manque » quelque chose, c’est l’occasion de rencontrer de nouveaux amis. – NATHALIE ALSTEEN
.MON AVIS SUR LE TEST DE QI WAIS
Fait pour les surdoués qui acceptent encore des cadres. – DIDIER POLI
.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ?
Je ne sais pas. Je pense que cela dépend de si vous êtes déjà en train de vous réaliser dans votre vie. – BARRY GELSTON
.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ?
C’est difficile à expliquer. Un certain « trop », mais trop quoi ? C’est encore une question… EMILIE VION
.QU’EST CE QUI RASSEMBLE LES SURDOUÉ·E·S ?
.LES ÉTAPES CRUCIALES À NE PAS RATER DANS LE « PARCOURS DOUANCE » D’UN·E SURDOUÉ·E?
Je parlerais plutôt ici du temps. Ne pas oublier de lui laisser la place, de se laisser le temps de réaliser, vivre, intégrer. – FLORINE ROGE
.LA DERNIÈRE CHOSE QUE J’AI APPRISE SUR LE SUJET (QUE J’AIMERAIS PARTAGER)
Il se trouve qu’on est train d’analyser des données monumentales (250 000 personnes), une grosse base de données britannique, on a regardé ce qu’il y avait de particulier. Dans les choses étonnantes, on s’est rendu compte qu’il y avait plus de comportements homosexuels chez les personnes HPI. Ça rejoint des études plus anciennes, qui le suggéraient, mais cette fois vu la taille de l’échantillon, c’est assez sûr. – NICOLAS GAUVRIT
.UNE INSPIRATION DOUANCE D’UN AUTRE PAYS
Cela me paraît intéressant ce qui se passe depuis longtemps en Israël.
En Allemagne, il y a plusieurs grands programmes d’études sur les personnes à Haut Potentiel – adultes et enfants – notamment sur les programmes d’enrichissement. Ils consistent à nourrir les enfants HPI en dehors de l’école, tout en les laissant dans le parcours scolaire. Cela leur laisse la possibilité d’avoir des contacts sociaux favorables ou simplement d’être mieux nourris intellectuellement. – NICOLAS GAUVRIT
.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR
Que ça soit mieux connu et surtout qu’on arrête d’en faire tout un plat comme si ça devenait une fierté nationale. OH MON DIEU, ON A UN SURDOUE DANS LA FAMILLE. Merci Karen, ça n’empêche pas que ça devienne un gros con.
Ça ne place absolument personne au-dessus de quelqu’un d’autre. – BENEDICTE BRAUD
.UNE INTUITION SUR LE SUJET
La diversité cognitive est la prochaine vague de politique RH d’inclusivité en entreprise – ANNE-CLAIRE PLISKA
. A QUI J’AIMERAIS PASSER LA MAIN POUR FAIRE UN TAC AU TAC TOUCHANT ET INTELLIGENT?
A mes amies les guêpes. L’une d’entre elle, l’été de l’année dernière, avait prit l’habitude de venir percuter mon visage pour réclamer de la nourriture. C’était à la fois touchant et plutôt intelligent pour un être qui n’est pas spécialement sensé pouvoir développer une telle interaction inter-espèce. Guêpe : autour d’un million de neurones et pourtant capable d’analyse via un raisonnement logique, de synthèse et d’élaboration de stratégie de communication. Je suis persuadé qu’elle était plus « intelligente » que moi sur certains aspects relationnels. – DIDIER POLI
.LA QUESTION QUI MANQUE, À LAQUELLE J’AURAIS AIMÉ RÉPONDRE SUR LE SUJET?
Je souhaiterais partager ce que signifie enseigner aux jeunes surdoués scolarisés à domicile :
Le plus grand défi que je rencontre en travaillant avec des enfants surdoués est que beaucoup ne se donnent pas le droit à l’erreur. Il me semble qu’une grande partie du feedback de leur monde est qu’ils sont merveilleux parce qu’ils ont des informations immédiates. Dans la vie de chacun, il arrive un moment où l’apprentissage d’un sujet n’est pas facile. C’est à ce moment-là que de nombreux enfants surdoués se retrouvent en conflit avec leur identité d’enfants surdoués, c’est-à-dire les enfants vraiment intelligents qui peuvent comprendre les choses immédiatement. Le fait de ne pas avoir l’information immédiatement crée une sorte de dissonance cognitive et des comportements d’évitement.
Le travail important consiste à partager ce que c’est que de travailler à travers une lutte et de créer une nouvelle identité de surdoué comme quelqu’un qui peut travailler patiemment à développer une nouvelle compétence. Je trouve qu’il faut un environnement détendu dans lequel je donne l’exemple d’erreurs réelles, où j’ai mon moment d’épouvante, où je souris, où je fais peut-être une blague à ce sujet, où je reviens en arrière et suis mon processus, et où j’essaie quelque chose de nouveau. Si l’enseignant fait des erreurs, ils peuvent en faire autant. Ce qui est génial, c’est qu’au fur et à mesure que les apprenants développent ces compétences, ils peuvent passer d’un potentiel non réalisé à des compétences de résolution de problèmes de qualité qui deviendront des amis pour la vie. – BARRY GELSTON
