Aujourd’hui, José Colleatte nous livre sa vision du Haut Potentiel par le biais du questionnaire Ma douance du tac au tac. Merci José ! Il est praticien en hypnose et vit à Bordeaux.
.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ.E?
Non, ça commence fort, puisque je ne pense pas ETRE surdoué, mais plutôt que je pense AVOIR un haut potentiel intellectuel. Les choses peuvent se concevoir différemment de ce point de vue.
.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ.E POUR MOI
J’ai toujours eu la sensation de penser différemment de « la moyenne », d’être en capacité à observer les phénomènes de façon transverse, de penser le contexte de façon plus « globale » de chercher le plus souvent quels sont les mécanismes qui sous-tendent ce que j’observe, de vouloir DONNER DU SENS.
Du tac au tac : Comprendre, intégrer, la passion, l’envie, la curiosité, un certain type d’énergie à la fois palpable et dans le même temps indéfinissable, le refus du dogme a priori avec une volonté de m’autoriser à penser par moi même.
.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ.E
Je n’ai pas d’images ou de mots qui soit suffisamment inclusifs. Médiocrité – pourrait être une proposition par exclusion 🙂
.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS
Depuis toujours ou presque. On m’a proposé de sauter 3 classes à mon arrivée en CP, il y avait des signes…
.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ DEPUIS LA DÉCOUVERTE
La façon dont je perçois les choses, vu d’aujourd’hui, est une quête permanente de ce qui est vrai, de LA vérité, avant d’initier un chemin vers le questionnement même de la vérité.
Si j’accepte que ce que je vois n’est probablement qu’une grande partie de ce que je crois, alors, il m’est autorisé de me poser la question de ce que je crois, de comment je le crois, de pourquoi je le crois, et de si je souhaite continuer de le croire.
.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER
De ne pas croire ce que je lui propose.
D’éviter a priori certains livres qui, qu’on le veuille ou non, agissent comme des suggestions. Autorisez-vous, a priori, à questionner l’idée qu’on vous propose en tant que lecteur. Ai-je envie de lire un livre qui explicitement me propose un lien entre (HPI, HQI, surdoué, intelligence…) et (souffrance, trop, difficulté, solitude…) ? Personnellement, pas vraiment. Le risque est, à mon sens, d’embrasser (le plus souvent inconsciemment) tout le tableau « clinique » qui vient d’être proposé de surcroit à un niveau identitaire.
Les concepts d’intelligence sont mal définis, la mesure même de cette intelligence est mal définie, la limite de cette mesure est mal définie. Alors j’invite souvent les personnes à se poser la question suivante : « Est-ce que, raisonnablement, on peut imaginer qu’une ligne, qu’un seuil ou un niveau puisse poser l’idée que d’un coté il y aurait ceux qui sont concernées, et d’un autre coté ceux qui ne le sont pas ? » évidement non. Alors comme dans toute population au sens statistique du terme, il y a des gens qui sont plus ou moins grands, des gens qui marchent plus ou moins vite, des gens qui pensent plus ou moins vite, qui ont des capacités cognitives plus ou moins importantes. Il ne s’agit donc pas de nier qu’a un moment donné T, au regard d’une normalité statistique, certains ont développé des capacités cognitives qui vont au delà de cette « normalité », voire très au delà.
Imaginons maintenant un groupe d’une centaine de personnes qui part pour effectuer une randonnée. Chacun imagine aisément qu’a la fin de la journée, ces marcheurs se seront distribués par pelotons. Les derniers considèrent, naturellement, que les premiers ont marché plus vite qu’eux, et trop vite pour eux, et réciproquement.
Quand on sait que la socialisation, la capacité à créer du lien, à se sentir en connexion fait partie des critères majeurs dans le fait de se sentir bien, on sent instinctivement qu’il est important de savoir avec qui nous avons vraiment envie de marcher. Savoir si je suis un surmarcheur, un sousmarcheur ou un marcheur typique… pourquoi pas ?
Alors peut-être d’accepter que vous ne pouvez pas être compris « pleinement » par des personnes qui sont trop loin de vous, hélas.
NB de Gloria: pour les habitués du Tac au Tac, qui se demandent où sont passés certaines questions, c’est également une réponse aux questions: “Ce que je veux dire aux surdoué.e.s”, “Ce que je recommande à une personne qui s’interroge”, “L’erreur à ne pas commettre pour un.e surdoué.e”, “Mon avis sur le test de QI WAIS”.
.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ
Ce n’est pas une remarque particulière mais plutôt la caricature du génie, qui sait tout, qui calcul de tête de façon incroyable, la vision d’un petit singe savant ou quelque chose comme ça.
NB de Gloria: c’est également une réponse à la question: “Une représentation que je veux battre en brèche”!
.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR)
D’organiser assez vite un cercle de connaissances dans ma sphère privée et professionnelle.
.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS
A penser par moi même du mieux que je le peux.
.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE
Les dogmes qui s’installent autour.
.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE
Que c’est un cadeau, une chance. C’est avant tout autre chose, une capacité que tout un chacun peut plus ou moins exploité librement.
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE
Sans renier les difficultés de certaines personnes vivent dans le cadre du travail, je suis surpris par le nombre d’articles, de commentaires, de livres sur la douance en entreprise. Sans douter des bonnes intentions de ceux qui proposent ces visions, peut-être pouvons nous en imaginer d’autres.
Si quelque chose ne me convient pas alors, il me semble que j’ai trois solutions
1 – C’est parfait ou je considère que c’est parfait
2 – C’est insatisfaisant, j’ai un pouvoir d’action et je peux changer les choses. Je le fait. Si c’est devenu satisfaisant, je suis dans le cas n°1, sinon je suis dans le cas n°3
3 – Ce n’est pas satisfaisant, et je sors de cette situation
Toutes autres situations seront probablement source d’insatisfactions, de frustrations, de difficultés.
Si vous ne trouvez pas votre place dans « l’entreprise » , que c’est pour vous un milieu hostile, difficile, insupportable, de vous poser la question suivante : « qui vous a mis en demeure de rester dans cette entreprise, qui vous a imposé de supporter de telles souffrances, ne pouvez-vous pas penser d’autres solutions, d’autres entreprises, d’autres modèles d’entreprises ? »
.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET
Je propose généralement en première lecture : « L’éloge de la lucidité ». Puis « faites-vous même votre malheur ».
Enfin quelques livres qui font référence en invitant à prendre le recul nécessaire, et d’en prendre ce qui nous intéresse vraiment.
.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ.E ?
Tout dépend de la personne. Pour certains ce sera un sésame, la possibilité de s’autoriser, pour d’autre ça ne changera rien.
.QUAND JE CROISE UN.E AUTRE SURDOUÉ.E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ?
Au regard, à l’énergie. J’en reviens à cette énergie presque impalpable et indéfinissable, une sensation intime, profonde, une forme d’évidence.
.LES ÉTAPES CRUCIALES À NE PAS RATER DANS LE « PARCOURS DOUANCE » D’UN.E SURDOUÉ.E?
D’éviter de s’identifier à son potentiel, sans pour autant le nier.
Et de savoir quoi en faire ou pas – je peux me poser dans mon canapé si je le désire, me balader et savourer ce qui est là, me perdre…
De tisser un réseau de contact avec qui je peux discuter, échanger, soit de façon contextuelle pour être en contact avec des personnes qui partagent mes valeurs, soit de façon trans-contexte avec des personnes qui sont dans ma dynamique de pensée.
.LA DERNIÈRE CHOSE QUE J’AI APPRISE SUR LE SUJET & UNE INTUITION
C’est une question : « est-ce la structure du cerveau qui matérialise la pensée ou l’inverse ? »
.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR
Un regard plus tranquille sur le sujet, un décloisonnement des savoirs, que les marcheurs les plus rapides puissent enfin véritablement apprendre à marcher ensemble.