Interview HPI de Jean-Philippe Lecreux, homme surdoué et créatif

Interview HPI #52 | Jean-Philippe Lecreux

L’interview ‘Ma douance du tac au tac’ interroge des surdoué·es sur leur rapport à la et à leur douance dans l’objectif de démystifier, d’inspirer et de cheminer avec le Haut Potentiel Intellectuel.

Aujourd’hui, Jean-Philippe Lecreux nous livre sa vision du Haut Potentiel Intellectuel par le biais de l’interview “Ma douance du tac au tac”. Merci Jean-Philippe ! Il est créatif et vit actuellement en Alsace.

*** ACTUALITES : je re-ouvre actuellement les portes de mon groupe de femmes HPI & hypersensibles « Sensibles & Talentueuses », creuse en cliquant ICI. ***

.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E? 

Je n’aime pas le terme surdoué·e car il induit une supériorité globale qui n’existe pas. J’ai des facilités dans certains domaines et des difficultés dans d’autres, comme tout le monde finalement. Pour répondre à ta question, oui je choisirai sans hésitation de naître avec les mêmes caractéristiques cognitives car je les aime.

.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI

Si j’essaie de définir comment le haut potentiel se caractérise chez moi : une pensée en arborescence, une créativité débordante, une hypersensibilité, un besoin vital de sens, une capacité à apprendre très vite et à expliquer certains concepts complexes en utilisant les métaphores, beaucoup d’empathie, une hyperactivité mentale, de l’intuition, une curiosité permanente, un refus viscéral de l’injustice. On retrouve ces caractéristiques chez des personnes non HPI mais elles sont amplifiées par mon hypersensibilité.

.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E

Il m’est difficile de répondre à cette question car il y a autant de formes de douances que de personnes HPI, certaines sont hypersensibles, d’autres non; certaines ont un TDAH ou un TSA qui vont changer la donne, etc. J’aime le terme « neuro-atypique » car il me semble approprié : nous avons un fonctionnement cognitif différent tout simplement.

.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS 

J’ai pris conscience de mon HPI en ouvrant un livre sur le sujet, d’Arielle Adda si je me souviens bien. Et cela a été une révélation, j’avais devant moi un miroir de mon fonctionnement, de mes difficultés, de mes facilités. C’était il y a environ 20 ans, ensuite le doute est resté, syndrome de l’imposteur oblige. J’ai été officiellement testé fin 2021 après un burn out.

.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ·E DEPUIS LA DÉCOUVERTE 

Après avoir lu ce livre, j’ai ressenti de la certitude, puis du doute, car je me trouvais moins doué que la moyenne, tant j’avais construit une image erronée et négative de moi-même. Le terme « surdoué » est si pesant qu’il est difficile à accepter, surtout quand tu doutes de toi. Ensuite, j’ai fait beaucoup de recherches pour comprendre cette spécificité, je me suis petit à petit réconcilié avec moi-même et cerise sur le gâteau, ma créativité a commencé à s’exprimer via la photographie, l’écriture et depuis peu via l’illustration. Après avoir identifié le HPI de mes filles avant qu’elles ne passent le test, je n’avais plus trop de doutes sur le mien, mais je ne me sentais pas légitime pour m’exprimer sur le sujet. Après un burn-out fin 2021, j’ai décidé d’avoir l’avis d’une spécialiste qui me l’a confirmé et a identifié un très probable TDAH. J’ai été surpris par ce dernier point mais il m’a permis de comprendre une autre facette de ma personnalité. Aujourd’hui, je suis passé au stade où je sais que je suis HPI, tout en sachant que cela n’est qu’un attribut et qu’il ne suffit pas à me définir. 

.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER

Je mesure un peu plus de 1m70. Imaginons une boite qui est placée sur une étagère à deux mètres dix de hauteur. Une personne qui mesure 2 mètres peut attraper la boite en tendant les bras tandis que je dois faire un effort plus important, prendre un escabeau par exemple, pour atteindre le même résultat.

Et bien, moi, je ne suis pas grand en taille mais certains domaines, et pas tous, de mon intelligence le sont, ce qui me permet d’attraper plus facilement certains concepts intellectuels; je joue très aisément avec l’abstraction, les métaphores ou les mots par exemple.

A côté de cela, je suis également hypersensible, un peu hyperactif, j’ai une pensée en arborescence …

.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ

Je parlerai plus de la remarque d’un directeur d’école quand je lui ai parlé du HPI de ma fille ainée qui a appris à lire seule, en inventant sa propre méthode : « le HPI n’existe pas. Ce sont les parents qui poussent leurs enfants pour atteindre ce résultat. » Ce genre de remarque est non seulement inacceptable à la vue des connaissances actuelles mais elle peut faire très mal, surtout quand les parents ou les enfants la recevant sont en situation de souffrance.

.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR) 

Cela a validé ce que je ressentais et m’a sorti du syndrome de l’imposteur, tout en m’encourageant à suivre mon intuition. Cela a pleinement libéré ma créativité, m’a redonné confiance et réconcilié avec moi-même. Et le le fait d’avoir passé le test m’a donné une sorte de légitimité pour m’exprimer sur le sujet. 

.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS

 A exprimer ma sensibilité et la poésie qui m’anime, à écrire et à illustrer une petite histoire qui est destinée aux familles HPI. J’avais prévu d’auto-éditer un ebook et peut-être un livre fin août, ce sera peut-être décalé d’un ou deux mois car j’ai mis le focus sur un projet de reconversion professionnelle. Depuis le test, je me suis autorisé à écrire une lettre ouverte à certains médias qui véhiculent une image biaisée du HPI, j’ai été étonné du nombre de remerciements reçus sur Linkedin, cela montre qu’il y a encore un travail de sensibilisation et d’inclusion à mener.

.CE QUE CELA SUSCITE CHEZ LES AUTRES LORSQUE J’EN PARLE

Jusqu’à maintenant, je parlais très peu de cette spécificité par auto-protection et je suis étonné de répondre à cette interview mais je pense qu’il est important de communiquer sur le sujet pour faciliter le cheminement de nos enfants. J’ai la chance d’être entouré de personnes ouvertes d’esprit, dont beaucoup sont HPI testées ou non (mais est-ce un hasard ?), les réactions sont donc bienveillantes. Par contre, dans la société en général, je sens qu’il y a encore une forme de rejet de la douance chez certains « normo-pensants » et on revient au travail de sensibilisation à mener pour que nos enfants puissent vivre leur différence sereinement.

.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE 

Le fait que trop de parents doivent encore se battre pour que la particularité cognitive de leur(s) enfant(s) soit prise en compte dans les apprentissages scolaires. Ce n’est pas normal qu’un enfant perde sa motivation à apprendre à cause de l’ennui, qu’il décide de cacher ses aptitudes parce que les efforts d’inclusion ne sont pas suffisants voire absents. Ce n’est pas acceptable qu’un directeur d’école ou qu’un enseignant soit dans le déni sur cette question alors même que les neuro-sciences ont apporté des réponses. Ce n’est pas normal que certains parents soient en burn out parental car leur vie est chaque jour ponctuée de crises émotionnelles de leur enfant HPI car c’est sa manière d’exprimer à quel point le système scolaire le fait souffrir et ne prend pas en compte sa spécificité. Cela ne concerne pas tous les enfants HPI, ni tous les adultes, mais il s’agit de la réalité de nombreuses familles dont je salue le courage et l’amour dont elles font preuve. 

Sinon, je suis également en colère car j’ai l’impression que beaucoup de surdoué(e)s continuent à ressentir de la gêne, voire à avoir plus ou moins honte, quant à leur différence, alors que ces personnes sont magnifiques. Lorsque j’ai écrit l’article sur Linkedin, j’ai utilisé le mot de dénigrement ethnique car j’ai parfois l’impression que la société nous demande de cacher notre spécificité, de ne pas trop en parler. Pour reprendre une analogie historique, j’ai longtemps accepté de me taire et d’aller m’assoir au fond du bus mais aujourd’hui je dis non. J’aime ma différence et je refuse qu’elle soit dénigrée ou niée. 

Derrière ces colères, il y a plein d’idées d’amélioration et c’est génial car nous pouvons oeuvrer pour les mettre en oeuvre !

.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE 

La flamme intérieure qui anime beaucoup de personnes douées et qui est un cadeau pour l’humanité lorsqu’elle peut se mettre au service de projets utiles. 

.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT 

 Trouver un environnement de travail où le business n’a pas pris le dessus sur les valeurs de l’entreprise, je suis très sensible à l’éthique, au sens et au respect. Sur un autre sujet, je travaille à canaliser ma créativité débordante afin de concrétiser les nombreuses idées qui naissent chaque jour mais est-ce lié au HPI ou à un potentiel TDAH ?

.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT

La sensibilité poétique que la vie m’a offert, c’est un tel cadeau de continuer à m’émerveiller de la beauté d’une goutte de rosée, d’un sourire ou d’un regard. C’est elle que j’essaie de retranscrire dans mes écrits, mes photographies ou mes illustrations.

.L’OUTIL OU LA PRATIQUE BIEN-ÊTRE QUI M’AIDE LE PLUS

J’en citerai plusieurs : la méditation en pleine conscience, la sophrologie et le yoga. Et la randonnée dans la nature, c’est essentiel à mon équilibre. 

.UNE REPRÉSENTATION QUE JE VEUX BATTRE EN BRÈCHE 

Le côté intello coincé. Tant de personnes HPI sont pleines de vie, de douce et belle folie, de poésie, de créativité. Et pour ma part, j’ai du mal à écouter les explications très théoriques et intellectuelles, elles m’endorment !

.CE QUE JE VEUX DIRE AUX SURDOUÉ·ES  

Quelques mots que j’ai illustrés et publiés sur Instagram : vous n’êtes pas une étiquette sociale, vous êtes UNIQUEment vous et c’est génial ! Soyez vous-mêmes et éclairez le monde de votre beauté.

.CE QUE JE VEUX DIRE AUX PERSONNES NON CONCERNÉES 

La même chose, le monde ira tellement mieux quand chacun pourra être soi et quand nous aurons collectivement intégré que chaque individu est une chance pour le monde.

.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE 

D’en parler avec des personnes bienveillantes et connaissant le sujet, pour qu’elles accueillent son ressenti. Quant à la passation du test qui est sous-jacente à cette question, je conseillerai d’écouter son ressenti pour savoir si on veut le passer ou non. 

NB de Gloria : Pour gagner en clarté sur comment valider le HPI, clique ICI.

.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E

Utiliser un faux-self pour s’intégrer ou se protéger. Le faire est un billet direct pour la dépression car c’est un déni de soi. 

.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE 

Ecoutez votre intuition. Si vos sensations vous alertent, avant d’accepter de travailler pour une entreprise ou de démarrer une relation par exemple, c’est peut-être le signe de ne pas y aller (et inversement si le signal est positif) !

.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE

Restez vous-même, aimez-vous tel(le)s que vous êtes car cet amour vous donnera la force de dépasser les épreuves et illuminera votre quotidien de beauté. 

.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET

 Plutôt un film émouvant, le goût des merveilles qui porte sur l’autisme mais qui reflète bien la relation d’une personne hypersensible avec la nature. 

.MON AVIS SUR LE TEST DE QI WAIS

Qu’il serait inutile si la société, particulièrement le système scolaire, valorisait chaque différence en aidant chaque individu à exprimer son plein potentiel. Souvent les enfants le passent car c’est un pré-requis imposé par le système scolaire pour essayer de prendre en compte les besoins de l’enfant. Et adulte, avons-nous besoin de le passer ? Avec le recul, mon intuition m’avait déjà apporté la réponse. 

.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ? 

Oui si cette méconnaissance nuit à ton épanouissement parce qu’il te manque des clés structurantes pour te comprendre et pour te construire une image de toi non biaisée. 

.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ? 

Souvent, à une étincelle dans son regard, à une sensibilité partagée, à une connexion immédiate.

.QU’EST CE QUI RASSEMBLE LES SURDOUÉ·E·S ?

La recherche de sens mais difficile de répondre car je ne connais pas tous les surdoué(e)s. 

.LES ÉTAPES CRUCIALES À NE PAS RATER DANS LE « PARCOURS DOUANCE » D’UN·E SURDOUÉ·E?

Se comprendre, s’accepter et se construire une image positive de soi. Continuer à faire confiance à son intuition. Apprendre à canaliser son perfectionniste éventuel.

Mais honnêtement, je ne suis pas assez expert pour être certain que ma réponse est pertinente.

.LA DERNIÈRE CHOSE QUE J’AI APPRISE SUR LE SUJET (QUE J’AIMERAIS PARTAGER) 

Une nouvelle étiquette « philo-cognitif » pour qualifier nos spécificités, cela m’a inspiré une illustration où mon personnage balance les différentes étiquettes sociales (HPI, surdoué, zèbre, etc.) pour dire qu’il est simplement lui et que cela est suffisant. 

.UNE INSPIRATION D’UN AUTRE PAYS SUR LA DOUANCE

Je n’en ai pas une en particulier mais j’invite à regarder ce qui se passe au Canada, pays qui est très en avance autour de la douance, du TSA, du TDAH…

.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR

Que chaque personne, HPI ou non, bénéficie d’un environnement favorisant son cheminement vers la découverte d’elle-même et l’expression de sa beauté authentique.

*** ACTUALITES : je re-ouvre actuellement les portes de mon groupe de femmes HPI & hypersensibles « Sensibles & Talentueuses », creuse en cliquant ICI. ***

Icone d'ampoule allumée pour représenter le fait de comprendre le HPI

Comprendre le HPI

Ces vidéos s’adressent aux surdoué·es, ceux qui le savent ou ceux qui ne le savent pas encore. J’apporte ma pierre à l’édifice sur ce sujet, encore trop « secret » à mon goût, surtout au vu de l’impact qu’il a sur la vie des personnes qui découvrent leur fonctionnement.

Icone de document complété représentant un bilan holistique

Bilan Holistique gratuit

Le bilan couvre les thématiques suivantes: le travail, le soin du corps, du coeur et du mental, la conscience et la spiritualité, l’environnement et le bien-être fondamental.