Aujourd’hui, Gwendoline Vessot, proposée par Caroline Desquest, nous livre sa vision de la douance par le biais du questionnaire Ma douance du tac au tac. Merci Gwendoline! Elle est Formatrice et DRH en temps partagé auprès de petites et moyennes organisations et auteure de “200 moments de parentalité positive… (ou pas!)”. Elle vit actuellement dans la région parisienne.
.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E?
Question difficile mais je dirais oui : j’aime ma vie comme elle est, donc si je changeais cet aspect, j’aurais plus à perdre qu’à gagner 😉
.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI
Aller vite, comprendre vite, apprendre vite. Me passionner pour des trucs et avoir la chance de pouvoir intégrer / m’approprier toute nouvelle chose à partir du moment où c’est vraiment mon souhait. (le « à partir du moment où » étant essentiel : sans motivation, rien.)
.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E
Une pédale d’accélérateur. On va plus vite, plus fort. Y compris dans le mur, faute d’avoir bien identifié la route.
.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS
Officiellement, ce printemps, avec des résultats qui sont venus confirmer quelque chose que je pressentais depuis longtemps mais que je n’avais consenti à regarder en face que depuis un an.
.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ DEPUIS LA DÉCOUVERTE
La découverte du HP en elle-même s’est faite en amont des tests, et il y a eu notamment une phase assez inconfortable d’ajustement vis-à-vis des autres. Comment intégrer la douance sans « me croire au-dessus de tout le monde » . C’était cette grande peur qui m’avait empêchée de creuser le sujet pendant longtemps, suite à un interdit parental formulé à l’âge de 6 ans. C’est d’ailleurs la prise de conscience de cet interdit qui m’a poussée à vraiment passer le cap des tests : la lecture d’un manuel de psychologie a fait ressurgir le souvenir associé, complètement enfoui pendant des années, du moment où le mot « surdoué » avait été prononcé devant moi. La réaction à mon interrogation (ce mot pouvait-il s’appliquer à moi ?) ayant été : « Surdouée, toi ? Sûrement pas. » assorti d’un jugement de valeur implicite ayant imprimé le message « ce n’est pas bien de se poser la question », le sujet est resté zone interdite pendant longtemps.
C’est donc ce qui m’a le plus préoccupée : trouver ma place à moi sans crainte d’écraser les autres.
En revanche, ce qui m’a marquée dans le résultat, c’est la découverte inattendue d’un trouble de l’attention. Je suis passée par une phase de sidération avant de relire ma vie depuis le début et de comprendre beaucoup de choses !
J’ai ensuite traversé une phase d’observation de « la Gwen TDA » afin de repérer ce qui se passait et les mécanismes de gestion que j’avais mis en place inconsciemment. Cela m’a permis ensuite d’arriver dans une phase très puissante de systématisation / application consciente de ces stratégies dans les moments / domaines où mon TDA venait me poser problème.
.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER
Que la douance n’a rien à voir avec les clichés, qu’on n’a pas besoin d’être Einstein ou de résoudre des équations du second degré à 7 ans pour avoir un QI en dehors de la moyenne. Que le QI c’est une chose, mais que ce n’est l’expression que d’un potentiel. Et que donc certains vont aller bien plus loin avec un capital de départ pourtant moins avantageux, et d’autres, malgré un QI pourtant élevé, ramer. Et que moi, j’ai eu la chance que ce QI élevé s’exprimait d’une manière compatible avec le système scolaire / la réussite scolaire.
.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ
A quel point ça ne faisait pas de doute pour certaines personnes de mon entourage (notamment camarades d’études) alors que personnellement je ne voyais aucune différence entre leur fonctionnement et le mien.
.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR)
Identifier formellement le HP m’a permis tout simplement de classer l’affaire. Quelque chose de très utile pour moi qui suis coach et dont, hasard, un certain nombre de clients présentent cette particularité. Je peux être à l’écoute de leur problématique à eux, sans plaquer la mienne puisqu’elle est maintenant bien rangée à sa place.
Découvrir le TDA a eu des conséquences plus importantes, notamment en raison de ce travail de conscientisation de mes stratégies de gestion.
.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS
Appliquer lesdites stratégies de gestion sans me dire que « je devrais ne pas en avoir besoin », sans en faire un enjeu moral. Et notamment, en tant qu’indépendante, refuser encore plus résolument toutes les missions qui pourraient venir trop appuyer sur ledit TDA. Maintenant que je sais à quoi tient la différence de performance énorme entre ces missions-là et celles qui me plaisent vraiment, je n’ai plus aucun scrupule à « ne faire que ce que j’aime » !
.CE QUE CELA SUSCITE CHEZ LES AUTRES LORSQUE J’EN PARLE
Je n’en parle que quand le sujet vient d’eux. Et à ce moment, la discussion porte autant sur eux que sur moi, ce qui est le but : leur ouvrir un chemin à explorer. Ensuite, tout dépend de là où ils en sont ; à moi il a fallu du temps pour aller explorer cette voie, je prends donc soin de respecter le rythme propre à mon interlocuteur.
C’est encore plus marqué en coaching, par exemple, où je n’évoque le point que quand il est directement en lien avec les objectifs de travail définis par le coaché, et où je ne vais quasiment jamais parler de moi.
Ce que je vois alors se produire, c’est plutôt comme l’apparition d’une lumière, qui donne de la forme et de la perspective, un sens possible à explorer pour mon interlocuteur. Il ne souhaite pas toujours l’explorer immédiatement, mais rien que de savoir qu’il y a peut-être une piste d’explication à creuser un jour est source d’apaisement.
.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE
Deux choses liées : la pathologisation du phénomène = la douance comme forcément source de problèmes et explication de tous les problèmes. Niet, on peut être très heureux doué, merci ! Et si on a des problèmes, les mettre sur le dos de la douance est à la fois bien facile, mais coupe surtout de pas mal de pistes pour les travailler, ces problèmes.
La deuxième chose étant du coup le business autour de la douance.
.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE
C’est un mode de fonctionnement. Il n’est pas uniforme. Ce qui est intéressant, c’est d’identifier et tirer parti de sa manière à soi de fonctionner plutôt que de chercher à reproduire les schémas de réussite du voisin.
.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT
Appliquer ce mode de raisonnement (= respect du mode de fonctionnement) chez mes enfants !
.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT
L’efficacité monstrueuse d’un mode de fonctionnement bien identifié et respecté. Quand on peut utiliser la force du naturel plutôt que de lutter contre, on va si loin, et si facilement. Il y a une vraie dimension écologique à se connaître : on utilise ses ressources à plein.
.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE
S’interroger, c’est fatigant. Si on remarque qu’on consacre de l’énergie à n’aller nulle part, alors autant utiliser celle-ci pour se rendre à un endroit précieux : celui de la meilleure connaissance de soi.
.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E
Penser qu’intelligence et réussite académique doivent aller de pair et qu’on a gâché son potentiel si on n’a pas fait « de belles études ». L’intelligence s’exprime dans de nombreux domaines différents et l’important est de se permettre d’aller utiliser la sienne dans le domaine qui nous rend heureux. En tant que RH j’ai vu trop de personnes se laisser enfermer dans des postes « en vue », et passer à côté de leur épanouissement, parce que « je n’ai pas fait [nom d’une école prestigieuse] pour finir [fonction qui serait source d’épanouissement mais d’une moindre considération sociale / moindre revenu] ».
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE
Se recentrer sur ses sources de motivation personnelle. A quoi carbure-t-on ? Et orienter sa vie professionnelle pour se brancher sur le bon carburant. Qui nourrirait son véhicule diesel au SP 95 ou inversement ?
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE
Consacrer du temps à discuter ensemble du fonctionnement de chacun, et à construire des manières de bien fonctionner ensemble. Sans jugement moral. Il n’y a pas de bons ou mauvais modes de fonctionnement, mais des choses qui fonctionnent mieux que d’autres dans un contexte donné.
.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET
J’en cherche encore ! J’ai lu et ne conseille pas « la femme surdouée » de M. de Kermadec.
.MON AVIS SUR LE TEST DE QI WAIS
Intéressant, mais bien évidemment l’outil est une chose, la main qui l’utilise en est une autre. Cela vaut le coup de prendre des références avant d’aller choisir son praticien.
Par ailleurs, ayant vu ce que donne le WISC chez les enfants, j’aurais été très intéressée de voir la 5ème dimension aussi appliquée aux adultes…
.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ?
Tout dépend de l’impact que cela a au quotidien. Moins que de mettre le mot « surdoué », ce qui est précieux pour toute personne, c’est de pouvoir identifier, respecter et tirer parti de son mode de fonctionnement propre.
.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ?
Parfois, parfois pas. La douance a de nombreux visages et ce n’est pas pour rien qu’il existe des tests construits et étalonnés avec soin. Si je pouvais identifier les surdoués de manière fiable sans cela… eh mais ça me ferait un paquet de pognon !
.LA QUESTION QUI MANQUE, À LAQUELLE J’AURAIS AIMÉ RÉPONDRE SUR LE SUJET?
Une question autour des « troubles » pouvant se conjuguer au HP / être masqués par lui. Mais j’y ai répondu de toute manière 😉
