Aujourd’hui, Elodie Bossoutrot nous livre sa vision de la douance par le biais du questionnaire “Ma douance du tac au tac”. Merci Elodie! Elle fait du développement, de l’accompagnement et du conseil auprès des familles (notamment à Haut Potentiel), tant pour les parents que pour les enfants et adolescents. Elle vit actuellement dans le Lot et Garonne.
.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E?
Je crois surtout que je ne saurai pas faire différemment. Dans la mesure où la douance n’est pas acquise mais innée, je me suis construite avec mes fonctionnements atypiques depuis toujours, dans un cocon familiale respectueux, bienveillant et rempli d’amour. Une famille ou la différence à toujours été acceptée et non étouffée, ce qui aide à développer l’estime et la confiance en soi. Et puis je suis entière, vraie, je m’assume, je ne sais pas vraiment faire semblant. Difficile alors de se projeter sur un autre mode de fonctionnement.
.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI
À mon sens, être surdouée n’est qu’une manière comme une autre de fonctionner. Ni mieux ni moins bien, juste différente, avec ses facilités et ses difficultés, comme n’importe qui finalement, surdoué ou non.
Ma Douance ne me définit pas dans mon ensemble, je ne la considère ni comme un faire-valoir, ni une excuse. En revanche, elle m’apporte une sensibilité au monde différente, une conscience et une compréhension peut-être plus profonde de la vie et de l’humain, la certitude que tout est possible si je décide que ça en vaut la peine. Oui j’ai des facilités intellectuelles, oui je vais plus vite, oui pour moi beaucoup de chose sont plus simple, MAIS je suis comme tout le monde, un être humain avant tout.
.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E
Un seul… ? Ça c’est difficile ! Je choisirais un mot : potentiel.
.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS
Il y a 4 ans, mon fils a déclaré des troubles du langage. C’est lors d’une séance avec notre orthophoniste et à travers nos échanges qu’elle m’a demandé si je m’étais déjà posée la question du Haut Potentiel.
.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ DEPUIS LA DÉCOUVERTE
Je ne parlerais pas de phases, ni de changements particuliers. Juste d’un mot qui est venu se poser sur ma différence. Une explication sur ma manière de voir le monde et de vivre ma vie. Finalement, un éclairage, une manière de donner du sens, une logique, à certains de mes comportements.
.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER
Le plus simplement du monde. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises manières d’aborder le sujet. Avec des mots simples, dans le respect de ce que l’autre est prêt à entendre, ou pas : une manière de fonctionner peu commune. Une particularité comme être grand, petit ou maladroit.
Je crois que les termes « surdoué » ou encore « haut potentiel » sont encore trop connotés négativement, trop souvent associés à de la prétention, à une intelligence suprême qui passe mal, qui fait grincer des dents et qui nous place dans une sorte de strate inaccessible. Personne n’a envie d’être « moins quelque chose » que l’autre. Et puis il y a cette notion de différence, encore aujourd’hui, la différence fait peur.
De fait, peu de personnes osent afficher ouvertement leur haut potentiel intellectuel, par peur d’être rejeté d’entrée, immédiatement catalogué, faussement identifié.
.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ
Peu de gens savent que je suis HP (enfin, ça c’était avant d’écrire un livre sur le sujet ou je parle un peu de moi, ce qui rallonge légèrement la liste !), mais les personnes avec qui j’en parle ou qui me posent des questions, n’ont pas de réactions particulières, au pire de la curiosité, ce qui est plutôt sain je trouve.
Je pense que tout dépend de la manière dont on aborde le sujet justement. Lorsqu’on prend le temps de choisir nos mots en fonction de nos interlocuteurs (et ça nous savons le faire), que nous sommes en accord avec nous-même et sur ce que cette douance implique pour nous, nous ne ne prenons pas trop de risques. Je suis d’abord Élodie, avant d’être Haut Potentiel.
.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR)
Pas de grands changements, mais une meilleure compréhension de moi-même. Cela m’a permis de comprendre pourquoi et en quoi j’étais différente, de trouver des réponses à certaines de mes questions existentielles. Et surtout de trouver une explication à mon côté angoissée.
.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS
Je libère aujourd’hui plus facilement mes émotions, notamment ce qui m’angoisse. Avant je luttais toute seule, aujourd’hui j’en parle et c’est bien plus facile à gérer.
J’ai aussi fait le choix de me faire confiance et de croire en mes capacités, j’ai enfin créée mon poste, celui qui me ressemble, et qui me permet de porter toutes mes casquettes professionnelles en même temps, sans avoir à choisir. C’est une réelle liberté.
.CE QUE CELA SUSCITE CHEZ LES AUTRES LORSQUE J’EN PARLE
Intérêt, compréhension et bienveillance. Je choisis les personnes avec lesquelles j’en parle. En général, les gens sont intéressés par le sujet au départ et sont donc en quête de réponses ou d’explications. Quand la discussion émane de moi, c’est en général parce que j’ai besoin d’expliquer ma perception d’une situation, mes émotions ou mon ressenti.
.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE
Les mythes sans hésitation.
NON, nous ne sommes pas tous des petits Einstein. NON, nous n’avons pas la science infuse. NON, nous ne réussisons pas tout, tout le temps. NON, nous ne venons pas d’une autre planète. NON, nous ne considérons pas les autres comme des andouilles parce qu’ils ne sont pas Haut Potentiel. NON, nous ne sommes pas tous imbus de notre personne.
En revanche : OUI, nous pouvons être amis, avec plaisir, nous avons tellement à nous apporter. OUI, nous galérons comme tout le monde dans nos quotidiens, nous avons sensiblement les mêmes problèmes. OUI, il y a aussi des cons chez les HP. OUI, ça nous arrive de nous planter, de nous tromper, de ne pas savoir, de rater, de douter. OUI, nous vivons, ressentons les choses plus intensément. OUI, notre cerveau va plus vite. OUI, nous sommes trop tout, tout le temps. OUI, nous sommes aussi humain.
.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE
Nos capacités à comprendre, à nous adapter, à imaginer de nouvelles idées, à entreprendre.
.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT
Vraiment vraiment ? La gestion de mes angoisses. Ça va mieux aujourd’hui parce que je me suis entourée de personnes qui m’aident à démêler les nœuds que je me fais toute seule au cerveau, à m’apaiser, à m’écouter.
Je sais aujourd’hui que c’est le résultat de mon cerveau qui réfléchit trop, trop vite, tout le temps à trop de choses en même temps. De mon déficit d’inhibition latente, de toutes mes caractéristiques d’hyper (-empathie, -sensibilité, -esthésie).
Au lieu de lutter contre, j’apprends à faire avec.
.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT
Ma finesse de perception du monde et de l’autre. Cela me donne le sentiment d’une vie et d’émotions plus authentiques, plus riches, plus vibrantes, plus intenses.
.L’OUTIL OU LA PRATIQUE BIEN-ÊTRE QUI M’AIDE LE PLUS
Mes séances avec ma psychologue quand j’ai fait trop de nœuds dans ma tête, la méditation, le jardinage, les pratiques artistiques pour débloquer ce qui coince ou exprimer mon bonheur. Dans le désordre, parfois tout en même temps ou de manière sélective, en fonction de mes besoins. À la rentrée je vais tester le yoga !
Le top du top c’est le désherbage quand je suis en colère ! C’est d’ailleurs devenu une pratique familiale !
.UNE REPRÉSENTATION QUE JE VEUX BATTRE EN BRÈCHE
Le fait que nous soyons inaccessibles ! Il n’y a pas plus faux ! C’est à mon sens la meilleure preuve de la méconnaissance de quelqu’un sur le sujet. Je ris aussi des blagues pipi-caca, je suis cap’ de manger des chips et du saucisson au lieu d’un plat diététique et bon pour mon corps. Mon fils a lâché sa tétine à 6 ans, voudrait faire un BTS Ninja et pleure encore le matin quand je le dépose à l’école. Si vous le souhaitez, on peut parler de la couleur des selles de votre bébé ou du chandail moche de tata Fernande. Si vous avez besoin de pleurer je suis là, on peut aussi passer une heure à critiquer votre belle-mère si c’est ce dont vous avez besoin. Il y a toujours du café dispo à la maison, passez quand vous voulez.
Ah oui, et si ça peut vous rassurer, je n’y connais rien non plus en physique quantique, je n’ai jamais réussi à apprendre l’anglais et j’ai eu 10/20 au bac. La vie normale des gens normaux quoi.
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX SURDOUÉ·ES
Vivez en accord avec qui vous êtes profondément dans tous les aspects de votre vie tout en respectant bien sûr, ceux qui vous entoure. Et soyez fier de votre différence, c’est beau, riche et puissant la différence.
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX PERSONNES NON CONCERNÉES
Soyons amis, tu verras, je ne suis pas si différente de toi. Et si tu veux comprendre, je peux t’expliquer.
.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE
Ne restez pas seul avec vos interrogations. Vous finirez à coup sûr par vous faire peur. Lisez (le livre que j’ai co-écrit par exemple), cherchez l’info, faites-vous accompagner par un coach ou un psychologue spécialisé dans ce domaine par exemple et si cela ne suffit pas à vous rassurer ou à confirmer ce que vous pressentez, que vous avez besoin d’une certitude, prenez rendez-vous pour passer le test.
.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E
Utiliser sa douance comme une excuse, un prétexte, un faire-valoir, une justification… Par pitié, cela nous dessert obligatoirement, et nous fait passer pour des prétentieux :
Lui : dis-donc tu as été un peu rude hier avec Sophie, tu sais qu’elle est un peu fragile en ce moment, je t’ai trouvé un peu garce…
Elle : oui ben c’est normal ça, c’est parce que je suis HP.
Ou tout autre « non mais tu peux pas comprendre, t’es pas HP », « Laisse tomber, humour de HP », « Je vois bien que t’es perdu dans ce que je viens de te dire là, c’est normal, ton cerveau ne va pas aussi vite que le mien, je vais ralentir pour me mettre à ton niveau » ou encore « Quoi ?! Tu n’as pas souffert dans ta vie ? T’es certain d’être HP ? » « Vous devez choisir ma candidature, tout simplement parce que je suis HP ».
Le HP peut expliquer beaucoup de chose pour nous, sur nos fonctionnements, mais ne résume rien et surtout n’excuse en rien un comportement préjudiciable pour l’autre.
Vous voulez être accepté tel que vous êtes dans toutes vos singularités, c’est OK et normal, mais rappelez-vous de ne pas dénigrer les autres pour autant et de les respecter dans leurs singularité aussi. Nous avons tous quelque chose à apporter, quelque soit notre résultat au test, et méritons tous le respect.
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE
Trouvez un métier qui vous permettra d’être totalement vous et dans lequel vous pourrez vous épanouir tout en partageant vos compétences. Que vous soyez force de proposition ou plutôt petite souris qui travaille dans l’ombre, il existe un métier fait pour vous, à votre mesure. Et s’il n’existe pas, créez-le !
Si vous travaillez en équipe, n’oubliez pas que vous n’allez pas à la même vitesse que les autres, alors laissez-leur le temps d’arriver à leurs propres conclusions avant de proposer les vôtres.
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE
Ici, pour moi, rien n’est figé, il n’y a pas de règle. Le seul conseil que je partagerai c’est de trouver une personne, HP ou non, qui vous aimera pour ce que vous êtes et non pour ce qu’elle aimerait que vous soyez. Qui vous permettra d’être vous dans toutes vos spécificités. Si vous trouvez cette personne là, vous aurez tout gagné.
Pour la vie de famille, mon seul conseil est de prendre chaque membre tel qu’il est et de respecter ses singularités. Si nous nous respectons les uns les autres dans nos besoins spécifiques et nos manières de fonctionner, tout devient plus facile.
.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET
Le mien bien sûr ! « Trop Tout, Tout le Temps… et si j’étais HP ? Se reconnaître pour assumer son Haut Potentiel et bien vivre avec. ». Co-écrit l’année dernière, il amène avec humour, douceur et pédagogie le sujet du Haut Potentiel et nos modes de fonctionnements spécifiques.
Sans valoir diagnostique, il permet à chacun de se reconnaître à travers la lecture des différentes caractéristiques des personnes à Haut Potentiel, de trouver des outils pour l’assumer et bien vivre avec. De fait de pouvoir se rassurer quant à la légitimité que nous avons à nous demander si nous ne serions pas concernés.
.MON AVIS SUR LE TEST DE QI WAIS
Je trouve difficile de résumer le Haut Potentiel à un chiffre unique. De plus, ce résultat dépend grandement des conditions dans lesquelles le test est passé.
En revanche, disposer de ce chiffre qui viendrait confirmer ou non un Haut Potentiel permettra la mise en place, le cas échéant, de processus d’accompagnement pertinents, efficaces et salvateurs pour beaucoup, notamment pour les enfants.
J’aurai tendance à dire que si une personne vit bien avec ses différences depuis toujours, que sa vie est épanouissante et répond à ses attentes, le test ne s’avère pas nécessaire.
Si en revanche la personne est en souffrance, en errance professionnelle et personnelle depuis des années sans réussir à mettre le doigt sur ce qui l’empêche de se réaliser pleinement, d’être bien dans ses baskets parce que trop en décalage avec les autres, le test me semble nécessaire. Il apportera un éclairage sur ce qui est et permettra d’envisager la suite avec de nouveaux filtres.
.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ?
Je pense que le savoir permet de répondre à un certain nombre de questions que l’on se pose, d’éclairer un passé douloureux ou compliqué, de mieux se comprendre et surtout de se sentir légitime à libérer ses potentiels. Alors ne pas le savoir…
.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ?
Je dois avouer que je suis assez nulle pour ça. Après on dit souvent qu’on attire qui l’on est.
Mon HP ne conditionne pas ma vie ni mes relations. J’aime côtoyer tout un tas de gens sans autre condition que l’affinité , et parfois je tombe sur des personnes un peu comme moi.
.QU’EST CE QUI RASSEMBLE LES SURDOUÉ·E·S ?
Leurs fonctionnements spécifiques. Mais comme il existe autant de surdoués différents que d’êtres humains différents sur Terre…
.LES ÉTAPES CRUCIALES À NE PAS RATER DANS LE « PARCOURS DOUANCE » D’UN·E SURDOUÉ·E?
Souvent, les gens disent : c’est bon, j’ai mes résultats, je suis bien HP, je suis rassuré. Mais euh… j’en fais quoi maintenant de ça ?
Je dirai qu’il faut d’abord prendre le temps d’assimiler l’information. Prendre conscience qu’on est HP n’active pas de manière instantané la facilité à l’assumer et à bien vivre avec. Ce n’est pas rien de comprendre enfin le pourquoi du comment, de trouver un début d’explication, voir l’explication à un passé compliqué et/ou douloureux.
Cette prise de conscience n’est pas sans effet dans sa vie et les réactions diffèrent selon les individus, et leurs situations, à ce moment là. Se faire accompagner par un professionnel expérimenté sera bénéfique pour admettre et intégrer cette nouvelle réalité.
Ensuite et bien, on apprend à faire avec, à modifier petit à petit ses habitudes pour son bien-être et être plus en accord avec soi-même.
La vie ne change pas d’un coup d’un seul à la révélation du résultat. Il faut prendre le temps de l’intégrer, d’y croire pour ensuite décider de ce qui va évoluer, quand, comment et pourquoi, à travers ce nouveau filtre.
NB de Gloria : Pour identifier à quelle étape tu es et les étapes à venir, je t’invite à visionner “Bien vivre ton Haut Potentiel” en cliquant ICI.
.LA DERNIÈRE CHOSE QUE J’AI APPRISE SUR LE SUJET (QUE J’AIMERAIS PARTAGER)
Ce n’est pas la dernière chose mais cela me semble très important de le rappeler : être HP ne nous condamne pas à être malheureux ! On peut être HP ET aller bien.
.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR
J’aimerai que le sujet se vulgarise suffisamment pour ne plus « faire peur », pour qu’il puisse devenir accessible au plus grand nombre et de fait permettre une identification plus rapide des personnes concernées. Il serait alors bien plus aisé de mettre des stratégies d’accompagnement en place afin d’apprendre à bien vivre avec ses différences le plus tôt possible et ainsi facilité l’intégration des HP dans tous les domaines.
.LA QUESTION QUI MANQUE, À LAQUELLE J’AURAIS AIMÉ RÉPONDRE SUR LE SUJET?
Et les enfants dans tout ça ?
Gardons une chose importante en tête : il y aurait beaucoup plus d’adultes HP épanouis et heureux s’ils avaient été détectés dès l’enfance. Savoir qui on est, apprendre à faire avec et se construire autour d’une image positive de soi ; quelques soient nos différences de fonctionnements ; sont pour moi les clés d’un avenir riche et épanouissant où chacun pourra explorer et révéler pleinement ses potentiels.