Aujourd’hui, Matthieu Play nous livre sa vision du Haut Potentiel Intellectuel par le biais de l’interview “Ma douance du tac au tac”. Merci Matthieu ! Il est Thérapeute, Artiste et Auteur. Il vit actuellement dans le Morbihan.
.SI JE POUVAIS CHOISIR, SERAIS-JE SURDOUÉ·E?
Si je pouvais choisir aujourd’hui, je vivrais exactement la même vie, mais avec plusieurs corps ! Je vis tellement de belles expériences que je n’arrive pas à être assez présent à chacune. Mais c’est une frustration qui est simplement à la hauteur de la joie que je ressens depuis quelques années.
.CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E POUR MOI
Pour moi, être surdoué c’est être dans une nécessité impérieuse de passer de « la survie solitaire » à « la vie ». Soit dans une grande souffrance lorsque c’est impossible, soit dans une joie immense lorsque cela devient accessible. C’est en tous cas mon expérience.
La douance, c’est l’incompatibilité ontique avec la survie de groupe. C’est l’impossibilité de se sentir comblé par des prêts-à-être, à faire et à penser qui semblent suffisants lorsque l’on a un sentiment d’appartenance à un ou des groupes.
Ce qui ne veut pas dire pour moi que la survie solitaire est plus sensée que la survie de groupe. J’ai simplement constaté que je ne pouvais pas m’y sentir inclus. J’en ai beaucoup souffert, autant que j’ai pu le revendiquer comme une fierté ou une valeur.
En cela, la douance est une dualité interne très puissante. L’envie d’être comme les autres est aussi forte que la fierté de ne pas l’être.
Dans mon cas, l’ignorance de ma douance m’a poussé à détester l’humanité à la hauteur de l’amour que j’aurais aimé avoir pour elle. Aujourd’hui, j’aime l’humanité, et je m’y sens inclus de façon singulière, et ce, pour mon plus grand bonheur.
.SI JE DEVAIS CHOISIR UNE IMAGE OU UN MOT CLÉ QUI RÉSUME CE QUE C’EST ÊTRE SURDOUÉ·E
Pour moi, être surdoué, ce n’est pas avoir raison ni détenir la vérité, c’est être un « détecteur de dissonances ».
C’est ressentir profondément quand « ça sonne faux ».
.DEPUIS COMBIEN DE TEMPS JE LE SAIS
J’ai appris par un curieux hasard que j’étais surdoué en 2015.
.PAR QUELLES PHASES JE SUIS PASSÉ·E DEPUIS LA DÉCOUVERTE
Je me suis autorisé, je me suis auteurisé. De plus en plus.
Dans un premier temps, il a fallu digérer l’information, puis constater que l’histoire que l’on se raconte à son propre sujet est vraiment déterminante. Mon point de vue a complètement bougé sur le monde et sur moi-même. Je me suis révélé.
Je suis passé de l’interdiction formelle d’agir dans la matière, à la jouissance d’être qui je suis et de faire ce qu’il faut pour que la vie s’amuse bien à l’endroit où elle est Matthieu.
.COMMENT JE L’EXPLIQUE À UNE PERSONNE QUI N’EN A JAMAIS ENTENDU PARLER
Déjà, je ne l’explique pas comme une injonction à vivre la même chose que moi. Chacun va le vivre à sa manière, à sa vitesse, avec ses moyens, ses limites et sa sensibilité. Il faut respecter ça, cela me semble capital.
Je n’en parle pas forcément autour de moi, mais il arrive que le sujet s’invite dans la conversation. Je n’aime pas décrire la douance, j’aime célébrer la vie sous cette forme en mode « feux d’artifice », même si je le ressens plutôt comme un « feux de liberté ».
Je prends plus de plaisir à explorer ce qui est là pour mon interlocuteur et moi, qu’à parler de la douance particulièrement.
.LA REMARQUE QUI M’A LE PLUS SCOTCHÉ LORSQUE J’EN AI PARLÉ
J’ai été surpris que personne ne m’attaque frontalement sur cette découverte en me disqualifiant. Les réactions des personnes à qui j’en ai parlé ont été positives et soutenantes, ou bien neutres et indifférentes, mais jamais à charge. Je profite de cette interview pour remercier chaque personne de m’avoir laissé vivre ça tranquillement.
Et puis ce qui m’a scotché, c’est les « Moi aussi je suis HPI ! ». Je ne m’attendais pas à en entendre autant, puisque quelques jours avant de le savoir pour moi, ce n’était pas un sujet du tout dans ma réalité.
.EN QUOI CELA A CHANGÉ MA VIE (DE LE SAVOIR)
Cela m’a autorisé de façon déterminante à passer du refus d’être incarné à la célébration d’être en vie. Je suis passé d’incapable à capable.
.CE QUE JE M’AUTORISE DEPUIS
Je m’autorise ma multipotentialité, et ça, c’est vraiment merveilleux ! J’ai aujourd’hui la liberté de suivre mes élans comme étant légitimes et essentiels pour moi, et d’accepter qu’ils soient anecdotiques du point de vue des autres.
.CE QUE CELA SUSCITE CHEZ LES AUTRES LORSQUE J’EN PARLE
Tout dépend de qui est l’autre en question. N’ayant plus besoin que ma réalité soit adoubée par les autres, ça suscite ce que l’autre sent comme une réaction légitime pour lui. Et c’est vraiment parfait comme ça !
.CE QUI M’ÉNERVE DANS LA DOUANCE
Rien ne m’énerve dans la douance. C’est un concept mouvant qui ne se laisse pas attraper de manière précise, comme les surdoués eux-mêmes. Je n’ai plus besoin que ce terme désigne une réalité tangible pour les autres. J’ai vécu ce que je devais vivre lorsque j’ai découvert la mienne. Aujourd’hui ce n’est plus un sujet. Je suis un sujet ! Et c’est bien plus drôle comme ça.
.CE QUE J’AIMERAIS METTRE EN AVANT DE LA DOUANCE
La liberté de chacun d’y apporter du crédit ou non, pour lui comme pour les autres. La liberté de chacun de passer ou non le test.
C’est une case pour ceux qui n’en avaient pas. Personnellement je vois les étiquettes (dont la douance fait partie) comme un sas, permettant d’ouvrir sur son appartenance à l’humanité en dernière analyse.
C’est ce que j’essaie de mettre en avant sur la chaîne Youtube « Matthieu Play – Accompagnement Incarné » dont je m’occupe avec mon acolyte et ami Gaétan Lecire.
Que ce soit la douance, le TSA, l’hypersensibilité, la multipotentialité … Le principe est toujours le même : les étiquettes peuvent être des carcans, mais je préfère lorsqu’elles deviennent des sas qui mènent à notre humanité commune.
.CE QUI EST LE PLUS DIFFICILE PERSONNELLEMENT
Ne pas partir dans tous les sens, ne pas fatiguer les personnes avec mon intensité.
Ne pas avoir plusieurs corps pour vivre tout ce qui me passionne à fond !
.CE QUE J’ADORE PERSONNELLEMENT
Partir dans tous les sens. Être intense. N’avoir qu’un seul corps pour visiter tout ce qui me passionne et incarner la joie d’être une synthèse de tout ça, imparfaite et joyeuse, incluse dans une perfection plus grande dont le mystère insondable a le mérite de donner des horizons vers lesquels cheminer gaiement pour expérimenter. Vivre !
.L’OUTIL OU LA PRATIQUE BIEN-ÊTRE QUI M’AIDE LE PLUS
Être doux avec moi. Partir du principe que tout est une pertinence, parfois constituée de plusieurs pertinences qui ne se sont pas encore rencontrées.
.UNE REPRÉSENTATION QUE JE VEUX BATTRE EN BRÈCHE
Avoir besoin de plus de complexité pour être rassasié n’est pas toujours un signe d’intelligence supérieure, mais peut-être simplement l’expression d’une plus grande exigence vis-à-vis des autres et de soi-même.
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX SURDOUÉ·ES
Je vous aime. Et je vous souhaite de trouver votre manière de passer de la survie solitaire à la vie.
.CE QUE JE VEUX DIRE AUX PERSONNES NON CONCERNÉES
Je vous aime. Et je vous souhaite le meilleur dans la forme qu’il prend pour vous.
.CE QUE JE RECOMMANDE À UNE PERSONNE QUI S’INTERROGE
– Si elle se demande si elle passe le test ou non :
« Sois doux avec toi. C’est normal de douter. C’est normal qu’il y ait de l’enjeu. C’est normal d’avoir envie d’être après le test avant de l’avoir commencé. Courage. C’est juste un moment étrange à passer. »
– Et puis si tu préfères, tu peux rencontrer des professionnels spécialisés dans l’accompagnement des personnes HPI sans passer le test. Il n’est pas obligatoire d’être ceinture noire certifiée en judo pour être légitimement passionné par ce sujet et apprendre des choses sur soi à travers cet intérêt prononcé.
.L’ERREUR À NE PAS COMMETTRE POUR UN·E SURDOUÉ·E
Vouloir jouer le rôle de la Vie toute entière au lieu de vivre la sienne propre. On peut s’y frotter, longtemps, mais on ne gagne jamais à ce jeu là.
Ce n’est pas une erreur à proprement parler, mais on peut y perdre pas mal de plumes.
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PROFESSIONNELLE
Si tu es malheureux dans ce qui est proposé, invente ton métier.
.MON CONSEIL DOUANCE (VIE) PERSONNELLE
Sois doux avec toi. Ne cherche pas à être la perfection, danse avec elle.
.UN LIVRE À LIRE SUR LE SUJET
« Les surdoués et les autres : penser l’écart » de Carlos Tinoco, Sandrine Gianola et Philippe Blasco
Et bientôt le mien, mais qui ne traitera pas spécifiquement de la douance (je suis surexcité à l’idée de m’auteuriser ça !)
.EST CE UN GÂCHIS DE NE PAS SE SAVOIR SURDOUÉ·E ?
Dans ma situation, c’était le cas rétroactivement. Et c’était un gâchis pertinent, qui fait pleinement partie de moi et de ma joie actuellement. Mais chaque situation étant singulière, je ne peux rien dans l’absolu.
.QUAND JE CROISE UN·E AUTRE SURDOUÉ·E, JE LE RECONNAIS ? A QUOI ?
Je pense que oui, à la fluidité des échanges, ou bien à la fluidité que je devine possible sans pouvoir la vivre sur l’instant. C’est une histoire d’intensité, de rayonnement aussi. Mais encore une fois, cela est bien subjectif.
.QU’EST CE QUI RASSEMBLE LES SURDOUÉ·E·S ?
Leur conscience de la solitude existentielle. Et le vertige abyssal que cela représente pour chacun d’entre eux. Leur conscience de l’absurdité, qui est selon moi une conséquence de cette solitude à vivre à plusieurs.
.LA DERNIÈRE CHOSE QUE J’AI APPRISE SUR LE SUJET (QUE J’AIMERAIS PARTAGER)
Je partage beaucoup de chose sur la chaîne Youtube avec mes invité·e·s, notamment autour de la douance. Je me régale à connaître leurs éclairages sur le sujet.
.UNE INSPIRATION D’UN AUTRE PAYS SUR LA DOUANCE
Le musicien Jacob Collier, qui n’a pas, à ma connaissance, parlé de douance le concernant, mais dont je ne doute pas un seul instant que ce soit le cas. Les vidéos où il fait chanter le public sont bouleversantes de beauté. C’est magique.
.UN SOUHAIT POUR L’AVENIR
Que nous prenions conscience, dans la mesure du possible, que lorsque l’on incarne sa différence sans défier les autres, sans vouloir leur prouver quoi que ce soit, il n’y a plus qu’à la vivre et à l’offrir à soi et aux autres.
.UNE INTUITION SUR LE SUJET
C’est une intuition que j’imagine polémique pour beaucoup de gens. Je ne vais donc pas la partager avant de l’avoir un peu explorée.
.LA QUESTION QUI MANQUE, À LAQUELLE J’AURAIS AIMÉ RÉPONDRE
Est-ce que le HPI te définie plus que ton humanité ?
Ma réponse est non.
NB de Gloria: J’ai eu la joie d’être interview par Matthieu. Tu peux découvrir cet échange authentique et vulnérable en deux parties: la partie 1 en cliquant ICI et la partie 2 en cliquant ICI.
